Page 3 - Centenaire de la Grande Guerre
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L’histoire des « peintres de batailles », commencée sous le règne de
                    Louis XIV, est sans nul doute une épopée qui, si elle se continue encore
                    de nos jours depuis le XVII , est bien antérieure à cette date.
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                           Ne peut-on pas considérer les dessinateurs et enlumineurs
                        médiévaux comme les précurseurs de ces peintres de batailles ? En
                         effet, il n’y a qu’à consulter deux monuments littéraires comme
                         les « Grandes chroniques de France » ou celles de Froissard pour
                         s’apercevoir que les illustrateurs ont eu à cœur de montrer à travers
                      leurs enluminures la réalité des combats, les armements  ainsi que les
                     combattants. Bien sûr, je ne pense pas que les moines des scriptoria
                     des  monastères accompagnaient  les  chevaliers et  les piétons lors  des
       affrontements et des conflits. Mais ils devaient en avoir suffisamment de connaissances
       pour réussir à illustrer parfaitement ces œuvres littéraires, véritables miroirs des combats
       et des guerres qui ont fait l’histoire de France. Toutes les manifestations qui se déroulaient
       en ville ou à la campagne, tournois ou cérémonies, leur permettaient de voir et de noter
       les habillements militaires et les armes des combattants. De cette époque, il ne reste
       aucun document nous permettant d’affirmer qu’il existait ce que l’on pourrait assimiler
       au corps des Peintres de batailles, mais ce qui est sûr c’est que les puissants se servaient
       d’une certaine imagerie pour appuyer leurs pouvoirs politique et militaire et qu’ainsi les
       enlumineurs se voyaient confier la tâche d’illustrer les faits d’armes et les victoires.
           Aujourd’hui, les peintres de l’armée, plus pragmatiquement, sont les descendants
       de ces Peintres de batailles, Peintres du roi ou Peintres du dépôt de la guerre dont les
       œuvres étaient conservées en l’Hôtel Royal des Invalides et pour bon nombre figurent de
       nos jours aux cimaises de plusieurs musées. Ce corps, voulu par le roi et mis en place par
       son ministre Louvois en 1688, avait pour mission  d’illustrer les campagnes militaires du
       monarque en sublimant ses actions guerrières, mais aussi la vie des soldats. Il serait trop
       long ici de citer tous les artistes qui depuis le XVII  siècle jusqu’à nos jours ont œuvré et
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       servi la gloire de l’Armée. Il est sûr que c’est certainement sous le règne du roi Louis XIV
       que ce corps militaire naissant prit une importance considérable. Il n’y a qu’à visiter le
       château de Versailles, ouvrage architectural majeur quant à la symbolique royale pour
       s’en rendre compte, notamment lorsque l’on admire les fresques remarquables du plafond
       de la Galerie des Glaces.
           Aujourd’hui, le rôle des peintres de l’armée est toujours de montrer la vie militaire
       à travers des reportages dans les régiments ou lors d’OPEX ; et si le titre est peintre de
       l’armée, figurent dans ce corps des sculpteurs et des photographes dont la mission est de
       « Servir » comme il est inscrit sur notre insigne existant depuis le XVII  siècle et ressorti de
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       l’oubli. Les peintres de l’armée s’inscrivent dans la tradition militaire et leurs expositions,
       qu’elles soient en l’Hôtel des Invalides ou dans d’autres lieux prestigieux, font que leur
       action artistique est un lien profond entre le milieu militaire et le monde civil.
                                                Patrice de la Perrière
                                              président de l’association
                                            des peintres officiels de l’armée
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