Page 10 - L'Armée sur les planches
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Dans les structures militaires, il existe une longue tradition de
          créations  artistiques  :  scènes  théâtrales,  chansons,  bien  souvent  créées
          « sur l’air de… », caricatures, etc. On en trouve témoignage dans les cahiers
          de chansons qui sont également considérés comme une préparation de
          « la quille », autrement dit du retour à la vie civile. La quille matérialisait et
          portait témoignage de la fin du service et du passage à « la vie d’adulte » du
          jeune homme. Elle prenait la forme d’un objet souvent façonné en bois et
          plus ou moins élaboré comme par exemple celle ayant appartenu à Régis
          Gauffreteau qui est en forme de lyre, marque symbolique de l’affectation à
          la musique militaire de l’ENSOA de son propriétaire.
              Au sein des écoles militaires, ces productions artistiques apparaissent
          aussi sous forme de « revue de la promotion ». C’est le cas, par exemple,
          de celle de la promotion du Djebel Sagho 1932-1934. Elle présente une
          pièce traduisant leur expérience de la vie saint-maixentaise, ponctuée de
          chansons, comme « Amusons-nous » sur l’air « D’amusons-nous » d’Albert
          Préjean. Cette pratique de composition sur timbre (autrement dit « Sur
          l’air de… ») s’inscrit à la fois dans les répertoires festifs et cérémoniels,
          à l’instar du  Chant des ESOA, chant de tradition sur l’air du  Tambour
          miniature.
              Le passage par les  écoles militaires est  un temps particulier  dans
          une carrière militaire. Il est symbolisé par les chants de promotion qui
          prennent alors la forme d’un marqueur du temps d’existence de la promo-
          tion en même temps qu’il permet d’affirmer son identité. En effet, le chant
          de promotion est le vecteur d’un certain nombre de valeurs sous-tendues
          par la carrière et les faits d’armes de son parrain, ce dernier apparaissant
          alors comme un modèle pour ces jeunes engagés, comme par exemple le
          Major Kieger, parrain de la 216  promotion.
                                       e
              La pratique du chant est aussi un moyen de s’évader par la pensée.
          Ceci  explique pourquoi  les  périodes  de guerres  sont marquées  par  de
          nombreuses productions vocales et par l’édition de recueils de « chants
          de soldats » qui peuvent regrouper à la fois des chansons patriotiques,
          des productions populaires, des chansons de route, des airs militaires et
          parfois même des sonneries. La diversité des pièces présentées montre
          que plusieurs répertoires coexistent dans l’institution, chacun étant dédié
          à un contexte d’interprétation en particulier. Tandis que les veillées sont
          accompagnées par un répertoire plutôt léger qui n’évoque pas toujours
          des thématiques militaires et avec des airs majoritairement issus des

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