Page 13 - Sur un air militaire
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                                             LA VIE QUOTIDIENNE

                        I - Au rythme des sonneries d’ordonnance
              Moyen de divertissement, la musique  sur les théâtres d’opérations actuels,
              accompagne les soldats sur les champs  cette dernière fonction a disparu. Son
              de bataille. Elle est également présente  utilisation journalière, afin de rythmer
              dans le service quotidien des militaires,  la vie de quartier, est aujourd’hui large-
              notamment à travers les « sonneries  ment restreinte. La sonnerie se limite à
              d’ordonnance ». Une sonnerie est une  quelques activités rituelles telles que
              courte mélodie destinée à transmettre  « les couleurs » (levée et descente du
              les ordres, à déterminer des attitudes  drapeau). Elle est, le plus souvent,
              (par exemple le garde-à-vous), à   diffusée par le moyen d’un enregistre-
              rythmer les différents moments de   ment. Jusqu’à la fin des années 1990,
              la vie militaire ou à réaliser le soutien  on comptait plusieurs sonneurs (instru-
              des cérémonies officielles et commé-  mentistes d’ordonnance) par régiment,
              moratives. Ces sonneries sont      généralement un par compagnie,
              interprétées par des instruments   chacun étant, à tour de rôle, de
              d’ordonnance, c’est-à-dire des     service, du réveil au couvre-feu. Son
              instruments à résonance naturelle,  activité consistait à rythmer les
              sans clé ni piston, ne pouvant     différents moments de la journée par
              jouer qu’un nombre limité de notes (les  le réveil, l’appel de « Diane », le petit
              harmoniques de la tonique), contraire-  déjeuner, le rassemblement, l’appel des
              ment aux instruments d’harmonie qui  consultants, le déjeuner, le rassemble-
              peuvent jouer tous les sons possibles  ment, la soupe, l’appel des consignés,
              entre leurs notes extrêmes. Le clairon,  l’appel du soir, et le courrier dès sa
              la trompette de cavalerie (qui a un son  réception. Le clairon de la compagnie
              plus strident que le clairon), le cor de  de service (celle qui montait la garde)
              chasseur et certaines percussions  devait, en outre, sonner la levée des
              comme le tambour appartiennent à   couleurs, la revue de la garde, l’appel
              cette famille. Le clairon est l’instrument  du piquet incendie, l’appel des punis et
              inséparable de la vie militaire puisqu’il  la descente des Couleurs. La levée et la
              est utilisé quotidiennement dans toutes  descente des Couleurs sont ritualisées,
              les armes, y compris dans la cavalerie  tout comme la revue de la garde où le
              et chez les chasseurs, pour interpréter  clairon est en tête de la nouvelle garde
              les sonneries réglementaires. Il est  pour aller à la relève. A l’arrivée au lieu
              également la voix des défunts – lorsque  de relève, la revue de la garde était
              se fait entendre la sonnerie Aux morts  faite par le chef de corps dont l’arrivée
              – afin de rappeler aux vivants le   était annoncée par une sonnerie
              sacrifice de ceux qui les ont précédés.  spécifique. Enfin, le refrain du régiment
              Ce répertoire répond à trois types de  était chanté. Le clairon se mettait alors
              situations : le cérémonial, la vie de  en arrière.
              quartier et la manœuvre. Cependant,  Le clairon est un instrument de facture
              compte tenu de l’exigence de discrétion  (art de fabriquer des instruments de

              Lithographie d’Edmond Lajoux, représentant un sonneur de bataillon de chasseurs à pied, vers 1950.
              (29×37 cm) Coll. Musée des Troupes de Montagne, inv. 602.017
              La composition représente un chasseur sonnant le cor. Il a passé, dans son bras droit, un clairon avec pompons
              doté d’une flamme rectangulaire sur laquelle on aperçoit un cor sur fond vert, indiquant qu’il fait partie de
              la fanfare du 24 e bataillon de chasseurs à pied, héritier du bataillon de la garde au drapeau des chasseurs,
              de Napoléon III. Il porte, dans son dos, un autre instrument, probablement une trompette de cavalerie avec
              pompons, également pourvue d’une flamme triangulaire au même motif. Il porte la tenue bleue des chasseurs à
              pied et le grade de caporal, reconnaissable au galon en chevron jonquille, qu’il porte sur le bras gauche.
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