Page 14 - Sur un air militaire
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musique) relativement récente. Il a été (SASEM 1875, chant qui parle des
inventé par le facteur d’instruments zouaves qui chargent leurs ennemis au
Courtois entre 1823, date de la son du clairon). Son ancêtre est le
commande du Ministre de la Guerre, et cornet mais c’était le tambour et le
1831, date de son adoption officielle fifre, petite flûte traversière en bois au
par l’institution. On appelle aussi son aigu, qui étaient utilisés, à l’armée,
« clairon » le sonneur de cet dans cette fonction d’ordonnance.
instrument. Le clairon, Pierre Sellier, Chaque ordre étant associé à une
instrumentiste qui a été chargé de sonnerie spécifique, tous les militaires
sonner l’armistice du 11 novembre 1918 étaient tenus de les connaître parfaite-
est bien connu, tout comme le chant de ment. Ils en faisaient l’apprentissage
Paul Déroulède, mis en musique par pendant les classes. Leur nombre étant
Emile André, intitulé « le Clairon » relativement important, environ trente
cinq mélodies, les soldats inventaient
des paroles, plus ou moins grivoises
pour les mémoriser. Certains de ces
textes devinrent plus connus que
d’autres et se généralisèrent plus ou
moins. Les plus en vogue, et les moins
coquins, étaient imprimés sur de petites
cartes introduites dans les tablettes de
chocolat. Ces courtes mélodies étaient
également éditées sous la forme de
recueils, dans lesquels elles apparaissent
accompagnées de paroles inventées (ou
reprises) pour l’occasion. Selon Antonin
Louis, auteur de ce type d’ouvrages,
ces derniers avaient pour vocation de
« vulgariser les sonneries officielles par
l’adaptation de paroles qui en feront
retenir plus facilement la signification ».
Elles étaient ouvertement publiées dans
un but patriotique et plus particulière-
ment « pour que la nouvelle génération
puisse les apprendre par cœur ». Ces
initiatives étaient une occasion de
renforcer le lien « Armée - Nation » par
une vulgarisation de la culture militaire,
Carte postale, « Le Clairon » par Paul Déroulède,
1915. (8,8 x 14 cm)
Coll. Musée du Sous-Officier, inv. 2009.0.10
Cette carte postale à double battant transcrit le chant
Le Clairon, par Paul Déroulède. La couverture, de
Frédéric Réganie, représente un zouave brandissant,
dans sa main droite un clairon après avoir sonné la
charge. Il tient dans sa main gauche un fusil. En
arrière plan, des zouaves galvanisés montent à
l’assaut. Le bas de la carte porte les inscriptions :
« Le Clairon, les chants du soldat, par Paul Déroulède ».
Cette illustration fait écho au contenu du chant,
imprimé sur les deux pages intérieures. Dans la marge
de la page de gauche, on peut observer un portrait de
Paul Déroulède. Ces cartes postales étaient vendues
par le Parlement afin de soutenir l’effort de guerre. Ici,
il s’agit des journées du Poilu du 31 octobre au 1er no-
vembre 1915.
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